COMPAGNIE D'ARC DU DONJON

NOS TRADITIONS DE COMPAGNIES

Nos traditions de Compagnies

Depuis sa renaissance, la Chevalerie de l’Arc et ses traditions n’ont cessés d’exister dans le cœur des hommes, trouvant protection et encouragement, même dans les plus hautes autorités.

 L’Empereur Napoléon III lui a témoigné publiquement sa sympathie en lui accordant plusieurs fois des prix dans diverses Compagnies.

 Napoléon autorisa la Compagnie de Paris, par une décision du 6 août 1853,  à prendre le titre de Compagnie Impériale de l’Arc de Paris.

Quand au Gouvernement de la République Française, celui-ci a accordé une subvention annuelle à la Fédération Française du Tir à l’Arc.

 Bien-sur, le Premier Magistrat de la République a doté le Championnat de France de Tir à l’Arc d’un vase de Sèvres destiné au champion annuel.

 Le fait d’être « une Compagnie d’arc » et non un club de tir à l’arc, constitue déjà en soi, le respect de ces valeurs. A ce titre, une compagnie se doit non seulement de les transmettre mais de léguer également les notions essentielles de Fraternité, de Respect, de Solidarité, de Courtoisie et d’Honneur.

En principe, une compagnie est organisée de la manière suivante (des aménagements sont souvent apportés pour s’adapter à notre époque) :

 Le « Capitaine » (Président) dirige la compagnie. Il est instruit des traditions de la Chevalerie de l’arc. Il doit, s’il réunit les conditions requises, demander son intronisation en Chevalerie.

 Le « Premier Lieutenant » (Vice-président et Secrétaire) seconde le Capitaine et assure souvent les fonctions de secrétaire. Il peut être assisté d’un adjoint.

 Le « Sous-lieutenant porte drapeau » peut remplacer ses officiers supérieurs en cas d’empêchement. Lors des cérémonies officielles, il porte le drapeau de la compagnie dont il a la garde et l’entretien.

 Le « Sous-lieutenant trésorier » (trésorier) assure les comptes, bilans et inventaires. Il peut être assisté d’un adjoint.

 Le « Censeur » ou « Prévôt » (un Chevalier) est responsable de l’ordre et de la discipline. Il est instruit des traditions au nom desquelles, il prend des mesures.

 L’organisation et le fonctionnement de telles compagnies, reposent bien entendu sur un concept réactualisé. A ce titre, on utilise aujourd’hui en général le terme de Président plutôt que celui de Capitaine. De même, le rôle de Censeur n’a plus vraiment de raison d’être si ce n’est pour rappeler en toutes occasions les usages et le déroulement des manifestations traditionnelles et de mettre à la disposition des archers les documents, livres ou références de la Compagnie dont il a la garde.

Le salut

La première des traditions consiste à saluer l’assistance avant de lâcher sa première flèche en disant « Mesdames, Messieurs, je vous salue » ce à quoi, les autres archers répondent par « Salut ! « . Même s’il est seul, le tireur se doit de saluer.

C’est une marque de bienséance, on salut les archers présents, et au travers du symbole de la butte, on honore

l’ensemble des archers vivants et décédés. La cible est son partenaire, son adversaire.

C’est également une marque de sécurité, on prévient que l’on va tirer et qu’il y a danger.

Il est surprenant que tout le monde accepte le salut traditionnel, au judo ou à l’escrime, mais pas au tir à l’arc.

La Fête de Saint Sébastien

Saint Sébastien par Le Sodoma(1525)

Saint Sébastien est né aux alentours de l’année 260 à Narbonne, d’un noble du pays et d’une dame de Milan, tous deux fervents Chrétiens.

Peu après, les parents de Saint Sébastien s’installent à Milan où il est élevé.

Lorsqu’il atteint l’âge adulte, la 9ième persécution envers les Chrétiens éclate à Rome. C’est donc vers Rome que se dirige Sébastien afin de mettre sa foi à l’épreuve.

Bien qu’ayant aucune attirance pour le métier des armes, il s’engage dans l’armée, afin d’avoir des mouvements plus libres, et des entrées faciles, ce qui lui permet de venir plus aisément en aide aux Chrétiens martyrisés.

Dans le même temps, il est remarqué par l’Empereur Dioclétien qui le prend en amitié, et le nomme Capitaine d’un détachement de sa garde.

La foi profonde de Sébastien lui permet de réaliser plusieurs guérisons miraculeuses :

  • Zoé, femme de Nicostrate, était muette depuis 6 ans ; l’application de la Croix sur ces lèvres lui rend la parole.
  • Chromace, Préfet de de Rome, souffrait des atteintes de la goutte ; Sébastien le guérit et le baptise, lui et toute sa famille.

Environ 1400 soldats suivent alors son exemple.

A Rome, l’armée comptait de nombreuses compagnies d’archers.

L’une de ces centuries était commandée par Sébastien.

En 288, converti au christianisme, Sébastien fut sommé d’adjurer sa foi, ce qu’il refusa et fut alors condamné à mort. La sentence prononça sa condamnation à mort, transpercé par les flèches de ses propres soldats Archers Mauritaniens (habiles tireurs à l’arc) en étant lié à un arbre.

Ceux-là, néanmoins bienveillants, prirent soin de ne viser que les parties non vitales et le laisse pour mort.

C’est alors qu’Irène, veuve du Saint martyr Catule, venue l’ensevelir, constate qu’il respire encore. Elle le recueille chez elle, le guérit, et Sébastien se présente devant l’empereur, pour lui reprocher sa conduite.

Celui-ci le fait alors assommer à coups de gourdin. Il meurt sous les coups le 20 janvier 290.

Une matrone romaine chrétienne du nom de Lucile retrouva le corps et le fit enterrer dans les catacombes sur la via Appia.

Initialement Saint Sébastien était un fondateur. C’est au 7ième siècle qu’il devint une Saint Guérisseur. En 680, il est invoqué pour sauver Rome d’une grande peste, et garde un rôle protecteur au moyen âge.

Saint Sébastien est alors devenu le Patron des Archers, et en 825, sous le règne de Charles le Chauve, Le Pape Eugène II confie aux archers Chevaliers de la Compagnie de Soissons le transfert les reliques du Saint dans l’abbaye royale de Saint Médard à Soissons.

Ainsi naquit la Chevalerie de l’arc et Saint Sébastien devint patron des archers.

 Tous les ans, le dimanche le plus proche du 20 janvier, les compagnies d’arc fêtent la Saint Sébastien par le tir de la saint Sébastien.

 Tous les archers se doivent d’être présents, les chevaliers portant l’épée et les archers, une dague… Bien entendu, on ne procède plus ainsi, les distinctions se font aujourd’hui à l’aide d’écharpes de couleurs différentes, en particulier, bleue pour le Capitaine, rouge pour le Roy et blanche pour les Chevaliers.

 Le tir consiste à tirer 3 flèches sur une cible Beursault, mais une seule flèche à tour de rôle. Chaque fois que tout le monde a tiré, les Chevaliers et le Capitaine vont constater quelle est la flèche la plus proche du centre, on note alors le nom de l’archer près de l’impact fait par sa flèche. Chacun reprend sa flèche et retourne attendre son tour sur le pas de tir pour une volée suivante. C’est l’archer dont la flèche a été la plus proche qui est déclaré vainqueur.

L'abat oiseau

Ce tournoi est réservé aux seuls membres de la Compagnie à jour de leurs cotisations et n’ayant fait aucune dette envers la compagnie. Ce tir se fait soit à la perche (hauteur 15/20 m) soit, plus généralement, à la cible à 50 mètres.

 L’oiseau est fabriqué en bois dur et la zone à toucher doit représenter une face plate mesurant 26 mm sur 52 mm.

Le tir se fait en une seule flèche à tour de rôle selon un ordre préétabli.

L’ordre traditionnel est le suivant :

  •  L’empereur (archer ayant été Roy trois fois de suite) puis
  • Le Roy de l’année précédente, ensuite
  • Le Connétable,
  • Le Capitaine,
  • Les Officiers (membres du bureau),
  • Les Chevaliers,
  • Les Archers (l’ordre de ces derniers étant tiré au sort) 
  • Les aspirants (moins d’un an dans la compagnie).

 

Jadis, le tir se faisait dans un jardin d’arc constitué de deux buttes opposées sur une allée de 50m protégée par des gardes sur les côtés.

On tirait d’abord dans un sens, puis dans l’autre sens.

Certaines compagnies généralement anciennes, possèdent un tel jeu d’arc.

Le tir à l’oiseau se fait donc en principe sur des cibles dites Beursault, différents des cibles de couleurs (la même cible que celle utilisée pour le tir de la St Sébastien).

Le Tir Beursault

Pratiqué sur un terrain spécifique nommé « jeu d’arc », « jardin d’arc » mais aussi « beursault » qui lui donne son nom, le tir beursault est une discipline régie par des règles d’honneur et de courtoisie dont la codification a trait à la bienséance tout autant qu’à la sécurité. Le cérémonial observé dans l’enceinte du jeu s’inspire de symboles dérivés de la tradition catholique, auxquels sont initiés les Chevaliers d’arc, garants du bon fonctionnement de la Compagnie d’arc.

Le tir beursault pratiqué dans les jardins d’arc peut prendre de nombreuses formes. Il est la base de la vie traditionnelle des Compagnies d’arc et sera utilisé pour :

  • Les tirs de tradition comme la Saint-Sébastien et l’abat-oiseau
  • Les parties de jardin, d’installation, de deuil, etc…
  • Les prix de Compagnie, de Roy, de Chevalier, de Connétable, etc…
  • Tous ces prix seront tirés sur des cartes décorées pour l’occasion.

Ensuite, viennent les concours avec :

  • Les Prix Généraux
  • Les tirs de Bouquet (qualificatifs au Championnat de France) avec carte et marmot spécifiques
  • Les concours beursault (qualificatifs au Championnat de France)

C’est le seul tir où l’on compte d’abord les honneurs (nombre de flèches à l’intérieur du grand cordon) avant de compter les points. Rester dans la carte signifie rester dans l’honneur, au sens propre comme au figuré. Cela fait partie de l’initiation à la Chevalerie de l’Arc. Le traditionnel « Mesdames, messieurs, je vous salue » est de mise avant de tirer sa première flèche dans un beursault.

Les basiques de la discipline

Aujourd’hui, le concours beursault consiste à tirer une seule flèche en aller-retour dans un jeu d’arc et cela 40 fois de suite, soit 20 haltes précédées de 2 haltes d’essai. Outre son côté traditionnel, le tir beursault est, au niveau sportif, un tir très éducatif et d’une grande difficulté. Devoir tirer une fois dans un sens, une fois dans l’autre (avec ce que cela implique pour le vent ou le soleil), une seule flèche à la fois, sans possibilité d’erreur, demande une grande concentration. Si, sur une volée de trois flèches, il est possible d’en avoir une moins bonne, cela n’est pas permis au Beursault. Un 7 sur un blason de 122 cm à 50 m équivaut à une flèche hors carte (hors de l’honneur) sur une carte Beursault. Obtenir un « marmot » supplémentaire dans les badges fédéraux, ou mieux, sa qualification pour les Championnats de France, n’est pas plus facile que dans les autres disciplines et est toujours une grande satisfaction pour les archers.

Dans les concours beursault, sont admis l’arc classique, l’arc à poulies et l’arc droit.

Le Bouquet Provincial

Le Bouquet Provincial rassemble tous les ans jusqu’à 300 compagnies dans un village choisi de Picardie, d’Ile de France, ou de Seine Saint Denis ou de Normandie.

Le lieu est retenu quatre ans à l’avance. Le jour du bouquet, le matin très tôt, le porte drapeau se rend à la mairie pour présenter le drapeau afin d’être placé dans le cortège. Pour les archers, cela constitue un temps de rencontre nécessaire à la communication entre compagnies de la région.

Ensuite c’est la parade avec toutes les jeunes filles de la commune qui sont habillées de blanc et dont les ainées portent le bouquet de fleurs traditionnel ainsi que le vase offert par le Président de la République. Suivent les 300 compagnies avec leur propre drapeau. La parade est entrecoupée de diverses fanfares et groupes folkloriques. Viennent en fin de parade, les gens costumés et à cheval ou en voitures anciennes tirées par des chevaux (bouquet d’Ermenonville). La parade passe alors devant la tribune officielle où sont présentes les autorités politiques et religieuses de la région. Elle arrive sur la place du village pour la messe solennelle où assistent tous les drapeaux (le monde de l’archerie étant originellement très catholique).

 Tout cela se termine bien entendu par un pique-nique convivial. L’après-midi sont organisés des concours de tirs à l’arc comme cela se doit…